PINASSE CAFÉ

LES TRIBUS DU BASSIN

 

Bordelais en général, ils ont une villa de famille depuis au moins quatre générations au Canon, à l’Herbe ou mieux encore dans les 44 hectares. Personne à part les autochtones et encore cela reste à prouver ne peut leur disputer le statut de vrais ferret-capiens. Ils ont connu l’époque du « Ferret authentique », bohème glorieuse sans tout-à-l’égout et chemins bitumés

 

LES ANCRÉS 

 

Bordelais en général, ils ont une villa de famille depuis au moins quatre générations au Canon, à l’Herbe ou mieux encore dans les 44 hectares. Personne à part les autochtones et encore cela reste à prouver ne peut leur disputer le statut de vrais ferret-capiens. Ils ont connu l’époque du « Ferret authentique », bohème glorieuse sans tout-à-l’égout et chemins bitumés. Jamais ostentatoires, les ancrés sont discrets. Mocassins et Guy Cotten l’hiver, espadrilles et marinière l’été ; ils portent rarement des couleurs sauf éventuellement le pantalon rouge, signe distinctif du vrai ferret-capien et le jaune pour les bottes Aigle de leurs enfants quand ils ne leur préfèrent pas le bleu marine. Ils aiment aller Chez Hortense embrasser Bernadette, la patronne. Si elle les appelle « mes enfants », c’est la cerise sur le gâteau. Mais le Ferret n’est plus ce qu’il était. Tout est « devenu tellement hors de prix » à commencer par la villa de leur arrière-grand-mère. Le week-end ou les vacances terminés, tout le monde embarque dans l’Espace ou la Volvo break tellement pratique pour caser la marmaille et on laisse la Méhari de Grand-Pa au garage et la pinasse au mouillage. On sait qu’on les retrouvera aux prochaines vacances.

 

LES IMMIGRÉS

 

Deux types d’immigrés, les courts et les longs séjours. Les premiers ce sont ceux d’Arcachon, ceux d’en face, les citadins. Inassimilables, ils n’ont jamais compris la Ferret way of life, ce mode de vie un peu sauvage où on va facilement pieds nus, chemise ouverte quand eux se mettent sur leur trente-et-un pour une soirée. 

Les longs séjours, ce sont les nouveaux venus qui ont investi le Ferret depuis une quinzaine d’années : autant dire qu’ils viennent de jeter l’ancre. Ils arrivent de plus loin, Parisiens, opulentes familles lilloises, Anglais qui adooorent ce petit coin de paradise ! Ils rachètent les belles villas que les ancrés en indivision n’ont pas pu garder, y introduisent un certain luxe. La Porsche Cayenne et la mini de madame sont garées dans le jardin. Beaucoup font des efforts pour intégrer les codes. Les enfants pratiquent les activités nautiques que tout ferret capien qui se respecte doit maîtriser. Malgré tous leurs efforts, ils n’évitent pas les fausses notes. Ils se demandent, surpris, si le Mimbeau était bien là l’an dernier. Certains ont l’idée saugrenue de creuser une piscine dans leur jardin et d’y faire pousser du gazon, faisant redouter aux « vrais » ferret-capiens une saint-tropization de « leur » Ferret. Les parisiens font de Frédélian leur QG quand les ferret capiens emportent une gaufre en passant. Sur l’autoroute du Banc d’Arguin, les pinasses laissent passer un rien condescendantes, dans des gerbes d’eau, les White Sharks vrombissants et les « pneumatiques semi-rigides » des nouveaux arrivants. 

 

LES LOCAUX

 

De prime abord, on ne les distingue pas forcément mais leurs mains durcies et abrasées par les coquilles d’huîtres les trahissent. 

Le Ferret, ils y vivent et ils le préfèrent quand il leur appartient complètement, c’est-à-dire en dehors des vacances d’été. Avec ça ils ne sont pas bégueules et lorsqu’ils vous invitent pour une partie de boules, c’est presque gagné pour vous.

 

LES LOW COST

 

Ils arrivent des campings de Lège Cap Ferret avec ou sans la glacière. Ils viennent passer la journée pour voir la Dune du Pyla d’en face et les cabanes tchanquées de l’Île aux Oiseaux. Ils prennent le petit train et cherchent désespérément un peu d’animation à la Jetée Bélisaire ou sur le Boulevard de la Plage. Ils ne connaissent pas la devise du coin « Pour vivre heureux, vivons cachés » et ignorent aussi ce que sont les « dunes blanches ».

Une autre catégorie qui vient aussi pour la journée, ceux qui ont misé sur l’achat du gros quatre quatre plutôt que sur la location de la villa. Ils y chargent leur scooter des mers qu’ils montent entre deux repas au Macdo.

 

LES SURFERS 

 

« Tout est cool frère » : le spot du Ferret, le camping du Truc Vert, les dunes, à moins qu’ils ne crèchent dans leur van pour attendre le tube d’enfer. Ils ont les cheveux longs et salés, les maillots extra-longs, aussi longs que ceux de leurs copines sont rikiki. Normal il faut rentabiliser la séance de bronzette vu le temps qu’elles passent à attendre leurs mecs sur la plage. Après un bon ride, rien de tel qu’un kebab chez Nounours. Elle est pas belle la vie !

 

LES BOBAS (BOHÊME BANC D’ARGUIN)

 

Les bobas transcendent les catégories. On en trouve presque dans toutes les tribus. Ils vivent le Ferret à cent pour cent. Plus que tout le monde au Ferret, ils sont des inconditionnels du vélo en famille. Ils vont au marché, y font toujours une bonne affaire, achètent leurs primeurs chez Cocotte, pêchent à pied avec une chemise en lin savamment négligée, font du paddle.  Leur bateau c’est un arkoa dont le moteur fait un léger « pout pout pout ». Si c’est un bateau à voile, la simplicité même mais c’est tout de même un tofinou.

Ils invitent leurs amis pour qu’ils partagent un peu leur bonheur ; ils les emmènent déguster une douzaine d’huîtres et un pâté Lou Gascoun sans chichis à la cabane de l’ostréiculteur du coin avec lequel ils ont noué des liens. 

 

LES PEOPLE

 

Fuyant les flashs de Saint Tropez et de la Croisette, ils ont la célébrité discrète. Ils ne veulent pas être interviewés sur Cap Ferret FM. Au Ferret, on n’aurait pas idée de venir leur demander un autographe. Du coup ils font des émules. Chut, no name.

 

LES BG

 

Ils sont les filles et les fils de. Ils ont le vent en poupe, la mèche au vent, l’assurance de ceux qui pensent appartenir à la bonne tribu, de ceux qui ont pris des cours de tout (optimist, surf, tennis et j’en passe) et qui t’expliquent la vie. ILS ONT LE SWAG. Normal, ils viennent ici depuis le biberon ; le Ferret est leur terrain de jeu, ils y ont toujours vécu en liberté puisqu’ici, pas de risque, on est « entre soi ». Ils se retrouvent le soir au Sail Fish, le seul endroit où croiser leurs parents ne leur fait pas honte et où ils acceptent de boire un verre avec eux ; normal, c’est eux qui rincent. Cette année, il sera tendance de prendre un pot au Sail Fish Café le nouvel after beach du Ferret. Et pour pécho le soir, deux solutions, le Centaure pour les plus jeunes et le Sixt plus frimeur.

 

Chacun voudrait garder jalousement son Ferret à l’heure où le Bassin d’Arcachon est désormais classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.